Cicatrices physiques et émotionnelles : la reconstruction intime après un accouchement traumatique

Ou comment retrouver son corps (et sa tête) après un épisode qui n’a rien d’un conte de fées.

On vous avait peut-être parlé d’un accouchement « merveilleux », de larmes de joie, de peau à peau et de musique douce… mais ce que vous avez vécu ressemble plus à un épisode de Urgences qu’à un shooting photo Pinterest. Et maintenant ? Maintenant, il y a des cicatrices.

Physiques, émotionnelles. Invisibles parfois, douloureuses souvent.

Et pourtant, vous êtes là. Debout (ou assise sur un coussin spécial), forte, un peu cabossée… mais vivante #Sex0Authentique

Minute culture inutile (donc indispensable) : qui dit cicatrice dit nombril : le cordon ombilical revêt une importance particulière au Japon. En effet, après la naissance, le cordon est soigneusement conservé par le personnel de l’hôpital. Il est emballé dans une petite boîte en bois qui est ensuite remise à la mère lors de son départ de l’établissement. Cette pratique illustre le lien fort et indéfectible entre la mère et son enfant.

Source : Dix faits étonnants sur le cordon ombilical – Galaxus

Ce « lien fort indéfectible entre la mère et son enfant » … Si on ne le ressent pas de suite, on culpabilise car la société nous vend cette connexion unique et immédiat QUI DOIT arriver à la naissance de nos enfants ; #konselediz : ce n’est pas toujours automatique et C’EST OK. C’est juste que ce n’est pas politiquement parlant de l’avouer. Il me semblait important de faire cet aparté sur ce pan tabou de la maternité.

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Cicatrice : mot doux ou mot qui pique ?

Il y a les « vraies », les visibles :

  • césarienne,
  • épisiotomie,
  • déchirure.

On peut les pointer du doigt (ou éviter de les regarder dans le miroir).

Et puis il y a les invisibles, celles qui ne se voient pas :

  • les urgences,
  • les gestes brusques,
  • le manque de consentement,
  • la peur,
  • la sensation d’abandon ou d’humiliation.

#konselediz : les deux types de cicatrices méritent d’être prises au sérieux. Et non, « ça va, le bébé va bien » ne suffit pas à tout effacer.

Le corps ? Un champ de bataille… en convalescence

On vous dit « reposez-vous », et pourtant vous marchez comme un cowboy, vous portez un bébé H24 et votre périnée vous regarde de travers.

Votre corps a vécu quelque chose de fort, parfois violent. Il a besoin de temps, de soins, de douceur.

Et surtout : d’indulgence. (Vous n’avez pas besoin de rentrer dans vos jeans d’avant pour mériter du respect.)

Le miroir, l’ennemi ou l’allié ?

Après un accouchement traumatique, il y a un moment redouté par beaucoup : celui où on se regarde. Vraiment. Pas juste un coup d’œil rapide entre deux couches. Non, un vrai regard. Nu, devant le miroir. Et là… ouf.

Le ventre n’a pas retrouvé sa forme d’avant, les seins sont devenus des distributeurs automatiques, et les cicatrices sont là, parfois bien visibles, parfois fantômes, mais toujours présentes.

Et si on faisait la paix avec ce reflet ?

Ce corps n’est pas « abîmé », il est marqué. Il a tenu. Il a donné. Il a traversé. Mais il a besoin de vous maintenant, pour ne pas se sentir laissé pour compte.

Regarder son corps, c’est parfois difficile. Ça prend du temps. Ça demande de l’indulgence, une qualité qu’on offre souvent aux autres, rarement à soi-même.

Et si, petit à petit, vous réappreniez à l’aimer autrement ? Pas comme « le corps d’avant », mais comme celui d’aujourd’hui. Celui qui vous porte encore, même cabossé. Celui qui vous parle, parfois à travers des douleurs, parfois à travers des frissons, parfois à travers un silence.

L’intimité commence là aussi : dans ce face-à-face sincère. Même si au début, c’est un peu flou, un peu flippant. Ce n’est pas grave. Un jour, peut-être, vous oserez même lui dire merci.

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Revenir dans son corps par le mouvement

On pense souvent qu’il faut des mots pour guérir. Mais parfois, c’est le corps qui parle en premier.

Danser seule dans son salon. Marcher pieds nus dans l’herbe. Respirer profondément dans une séance de yoga postnatal. S’étirer comme un chat après une sieste volée. Se balancer doucement en berçant son bébé… ou juste soi-même.

Ces gestes simples, presque instinctifs, ont un pouvoir incroyable : ils nous reconnectent à notre enveloppe. Ils rappellent qu’on est vivante, que le corps n’est pas qu’un réceptacle de douleurs, qu’il peut encore vibrer, frissonner, s’étirer, s’alléger.

Le mouvement n’a pas besoin d’être spectaculaire. Pas besoin de reprendre le sport à fond les ballons pour « retrouver la ligne ». Non. Il peut juste être là pour faire du bien. Pour sentir. Pour habiter, à nouveau.

Certaines femmes choisissent la danse intuitive, d’autres la piscine, d’autres encore une pratique douce comme le qi gong ou la sophrologie. Peu importe le style : ce qui compte, c’est l’intention.

Le mouvement, c’est une manière d’écrire une nouvelle page. De faire circuler ce qui était bloqué. De dire, sans mot, « je suis là ». Et si un jour vous vous surprenez à sourire en dansant avec votre bébé sur du vieux disco, sachez que vous êtes exactement là où il faut être.

Quand le sommeil manque, la vulnérabilité parle

On ne le dit pas assez : le manque de sommeil, c’est une torture douce mais tenace. Et après un accouchement difficile, chaque nuit hachée, chaque réveil en sursaut, c’est comme un rappel de ce que le corps a enduré.

Le sommeil, c’est ce moment où le corps peut vraiment se réparer. Alors quand il manque, tout devient plus compliqué. Le seuil de tolérance baisse, les émotions prennent le dessus, les larmes montent vite – parfois sans prévenir, parfois pour une cuillère tombée ou un body mal boutonné.

Et puis, il y a cette sensation étrange d’être sur le fil. Comme si le jour et la nuit se mélangeaient, que le temps n’existait plus. Une fatigue qui n’a rien à voir avec le « manque de sommeil d’avant ». Une fatigue existentielle, profonde, qui rend tout plus flou.

Dans cette vulnérabilité, les cicatrices émotionnelles s’invitent encore plus fort. On se sent seule, même entourée. On doute. On s’en veut. On craque.

Et c’est normal.

Ce n’est pas un signe de faiblesse, c’est un appel au secours déguisé. Et parfois, il suffit de dormir quatre heures d’affilée pour retrouver un peu de clarté, un peu de lumière.

Alors si vous avez la possibilité : dormez. Demandez de l’aide pour dormir. Offrez-vous le droit au repos. Même dix minutes. Même avec des bouchons d’oreille. Parce qu’un cerveau reposé, c’est un cœur qui panse mieux.

En conclusion :

La reconstruction intime après un accouchement traumatique, c’est un chemin. Parfois en pente. Parfois en zigzag. Souvent rempli de doutes.

Mais chaque étape est une victoire. Même minuscule.

Un sourire, un regard plus tendre dans le miroir, une main posée sur le ventre sans rancune.

Et surtout : vous n’êtes pas seule. Il y a des ressources, des aides, et des mots pour recoudre ce que l’on ne voit pas.

Et oui, parfois, un petit rire vient s’inviter entre deux larmes. Comme un rayon de soleil entre les nuages. On le prend. Sans culpabilité.

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Sandrine & jimmy

Avant d’être ici pour vous, j’ai été vous :

La naissance de ma fille a été vécue tel un viol. Intrusif, violent. Un effondrement intérieur. Rien à voir avec la vision idéalisé / l’illusion populaire de la maternité lumineuse. On m’a arraché cette entrée dans la vie de mère, comme on vole quelque chose d’intime, de précieux. Il faut une longue période, une infinie résilience, et des bras autour de soi pour espérer s’en sortir.

Je me suis retrouvée dans une solitude brutale. Avec ce tout petit être qui demandait tout, alors que je ne savais même plus comment exister moi-même. Mon corps, meurtri, m’envoyait des signaux de douleur constants. Mon moral, quant à lui, était ballotté par des vagues hormonales, des attentes irréalistes et une charge mentale maternelle qui m’est tombée dessus comme une avalanche.

Personne ne m’avait prévenue de ça. Et, soyons honnête, même si on m’avait expliqué, même si on m’avait tout détaillé… je ne pense pas que j’aurais pu être prête à ce torrent émotionnel et physique. Comment imaginer qu’on puisse à ce point se sentir vidée, éparpillée, presque étrangère à soi-même, à son bébé, à tout ?

Pour moi, ce n’était pas ça, la maternité. Ce n’était pas censé ressembler à un champ de ruines. On nous vend l’image d’un moment magique, d’un amour instantané, d’un bien-être intense… Que nenni. Moi, je l’ai vécue à l’opposé. Et pendant longtemps, je me suis sentie coupable de ça. Coupable de ne pas ressentir ce fameux « lien immédiat », coupable de ne pas vibrer de bonheur en la regardant dormir.

Il m’a fallu du temps – beaucoup – pour me pardonner. Pour me dire que j’avais fait comme j’ai pu. Et que c’était OK. Que survivre, c’était déjà immense. Que se lever chaque matin malgré les douleurs, malgré les larmes, c’était déjà un acte d’amour.

La douleur a été telle, parfois, que des idées sombres ont traversé mon esprit. Des pensées que je n’osais pas dire à voix haute. Parce qu’on ne dit pas ça surtout pas quand on est une maman. Et pourtant, elles étaient là. Mais je suis toujours là, moi aussi. Et je me suis relevée. Lentement. Un jour après l’autre. Avec l’aide de quelques personnes clés. Avec le temps. Avec énormément de douceur – celle que je n’avais pas su m’offrir jusque-là.

Et puis un jour, l’envie naît de transformer cette épreuve. De faire de cette expérience une source de guérison. Pas seulement pour moi. Pour les autres aussi. Parce que si mon histoire, si mes mots, peuvent aider ne serait-ce qu’une femme à se sentir moins seule, alors tout ce chemin chaotique prend un autre sens. On apprend la résilience, oui. Et parfois, on devient même un point d’ancrage pour d’autres. Une lumière douce dans l’obscurité❤️

À très vite pour d’autres éclats de vie (et de rire) ! #Sex0Authentique

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