Ou comment apprendre à s’aimer à nouveau quand tout (son physique, son rythme, sa forme) et sans dessus dessous #Sex0Authentique
Minute culture inutile (donc indispensable) : et tant qu’on y est, parlons coutume : la cuarentena, ou quarantaine, est une tradition courante liée au post-partum en Amérique latine. Cette coutume préconise que la mère se consacre entièrement aux soins de son bébé pendant 40 jours après la naissance. Cela offre à la mère une période de repos et d’adaptation à son nouveau rôle.
C’est un peu comme une bulle de transition : un sas entre le monde d’avant (avec des grasses matinées et des douches en solo) et celui d’après (avec des nuits découpées en tranches et des douches chronométrées). Cette période sacrée, dans certaines cultures, n’est pas seulement un temps de repos physique, c’est aussi un espace symbolique pour dire : « Tu viens de faire quelque chose d’extraordinaire, prends le temps de t’honorer. » Et rien que ça, c’est puissant.

Bienvenue dans le monde « merveilleux » du post-partum !
Ici, les hormones font la samba, le corps n’a pas lu les manuels de récupération rapide, et l’intimité ressemble plus à un sketch qu’à une scène romantique de film.
#konselediz : c’est normal.
Beaucoup de tabous entoure encore cet épisode si spécial et tout en contradictions. On parle facilement du bonheur d’être parent, mais beaucoup moins des moments de solitude intense à 3 h du matin, les seins dégoulinants, le corps épuisé, le moral en dents de scie. Pourtant, ce flou artistique, c’est aussi ça, la réalité du post-partum.
Le corps : nouvelle version, sans mode d’emploi
Votre ventre est toujours là (sans le bébé), vos seins sont devenus des fontaines capricieuses voir douloureuses, et vos sous-vêtements ressemblent à des parachutes. Le corps post-partum, c’est un peu comme un appartement après une fête surprise : il faut du temps pour tout ranger, et certaines traces ne partent jamais vraiment.
La vérité, c’est que ce corps a été le théâtre d’un miracle biologique et émotionnel. Il a porté la vie, il a ouvert la voie, il a résisté à un tsunami hormonal et physique. Et pourtant, à peine quelques heures après l’accouchement, on se retrouve souvent à se scruter avec sévérité, à chercher la trace de notre ancien nous. On examine, on compare, on soupire.
Mais ce corps… il a fait un humain. Un vrai. Alors on le respecte, on le chouchoute, et surtout, on est tolérante envers soi-même, on évite de se comparer à des influenceuses qui « retrouvent leurs abdos en 2 semaines » (elles trichent, ou elles vendent des thés douteux).
Chaque vergeture raconte une histoire, chaque kilo en trop est un vestige d’un effort titanesque. Ce corps mérite une ovation quotidienne. Même s’il a désormais des courbes inattendues ou un nombril en mode « boussole perdue ».
Et si on changeait le regard qu’on lui porte ? Au lieu de le juger, l’honorer. L’habiller avec douceur, le masser avec bienveillance, et surtout… lui foutre la paix parfois. Ce n’est pas le moment d’entamer un programme commando pour se sculter un corps à la Shakira, c’est le moment de faire la paix.
L’intimité post-partum : un art de la lenteur
Reprendre une vie sexuelle après avoir donné la vie, c’est comme reprendre le sport après 10 ans de canapé : faut y aller doucement. Entre :

Le désir peut avoir envie de faire une pause sabbatique.
Et il en a bien le droit ! L’intimité, ce n’est pas qu’une affaire de performances. C’est une reconquête. Une réinvention. Parfois, ça commence par une main glissée dans les cheveux, un regard tendre, un fou rire nerveux quand bébé décide de pleurer en plein milieu d’un moment doux. Et c’est OK.
Conseil : commencez par des câlins habillés, des fous rires sous la couette, des massages sans pression. Redonner une place à l’intimité, c’est aussi se réinventer.
Oubliez les injonctions du type : « Il faut absolument reprendre une sexualité à six semaines. » Non. Il faut surtout écouter son corps, son cœur, ses sensations. Et si l’intimité prend d’autres formes pendant un temps, tant mieux. L’important, c’est qu’elle reste vivante. Même si c’est en pointillés.
Le mental : un ascenseur émotionnel sans bouton d’arrêt
Le post-partum, ce n’est pas seulement une affaire de couches (de bébé) et de culottes filets (de maman). C’est aussi un ouragan mental. Un tourbillon d’émotions où l’on peut passer de « Je suis la déesse de la maternité » à « Je ne suis bonne à rien » en moins de temps qu’il ne faut pour dire « coliques du nourrisson ».
Il y a les pleurs – de bébé, bien sûr, mais aussi les vôtres. Il y a les doutes – sur votre capacité à tout gérer, sur votre lien avec votre enfant, sur votre place dans le monde maintenant que vous êtes parent. Et il y a les injonctions : « Profite, ça passe vite », alors que vous avez l’impression d’être coincée dans une boucle temporelle entre tétées et lessives.
#konselediz : c’est normal. Le cerveau post-partum est en mode reboot. Les hormones sont en mode festival. L’épuisement, les sauts d’humeur, les pensées qui tournent en boucle, ce ne sont pas des failles – ce sont des signaux. Signaux qu’il faut s’écouter, demander de l’aide, parler. Parce que non, vous n’êtes pas seule. Et oui, c’est OK de dire que parfois, c’est dur.
Le village qui manque
On dit souvent « Il faut tout un village pour élever un enfant ». Mais quand bébé arrive, le village ressemble parfois à un désert. Les familles sont loin, les amis occupés, les visites se font rares une fois les premiers bavoirs offerts. Et pourtant, c’est là qu’on en aurait le plus besoin : un coup de main, une oreille, un petit plat maison, une pause.
Le post-partum moderne est souvent solitaire. Et cette solitude pèse. C’est pourquoi il est essentiel – vital même – de recréer du lien. Un groupe de jeunes mamans, une voisine sympa, un professionnel bienveillant… n’importe qui avec qui parler vrai, sans filtre, sans jugement.
Demander de l’aide n’est pas un aveu de faiblesse, c’est un acte de survie. Et aussi un acte d’amour envers vous-même. Parce que prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de son bébé. Un parent soutenu, c’est un bébé sécurisé.
Alors n’attendez pas que le village vienne à vous : construisez-le, à votre façon, un sourire, une main tendue, une conversation sincère à la fois.
Le regard des autres… et celui qu’on porte sur soi
Le post-partum, on ne peut pas résumer cela à du lait qui fuit et de nuits hachées. C’est aussi une épreuve identitaire. Une redéfinition de soi. Et dans ce processus, le regard des autres peut parfois peser plus lourd qu’un bébé de 4 kg.

On oublie que ce visage fatigué, c’est celui d’une guerrière. Qu’il n’y a rien de plus puissant qu’un corps qui a donné la vie. Que les cernes racontent les nuits passées à bercer, consoler, aimer. Et que les cicatrices, visibles ou invisibles, sont les tatouages de la maternité.
Changer de regard, c’est peut-être le premier pas vers la réconciliation. Ne plus chercher à « revenir comme avant », mais accepter d’avancer autrement. Plus lentement. Plus tendrement. S’entourer de personnes qui comprennent (vraiment), de mots doux, de pauses bien méritées. Dire non à la pression, oui à la compassion.
Et puis, petit à petit, on recroise son reflet avec un peu plus d’indulgence. On se surprend à se sourire, à se féliciter pour une petite victoire (comme s’être lavée ET habillée le même jour, exploit ultime). On réalise que la beauté post-partum, ce n’est pas une silhouette Instagrammable : c’est une force tranquille, un regard lumineux, une tendresse infinie.
Parce qu’au fond, il ne s’agit pas de redevenir soi-même. Il s’agit de découvrir qui on est devenue. Et cette femme-là mérite qu’on l’aime, qu’on la célèbre, qu’on l’honore. Même (et surtout) si elle oublie ses mots, se parle toute seule ou a un sein qui fuit au milieu du supermarché.
La libido ? Elle fait la sieste.
Et ce n’est pas grave. Peut-être qu’en ce moment, la seule chose que vous avez envie de désirer, c’est votre lit. Le désir n’a pas disparu, il hiberne. Il reviendra quand votre corps se sentira un peu plus lui-même, quand vous aurez dormi un peu (ou beaucoup), et quand vous ne confondrez plus gel lubrifiant et crème pour le change.
Le cerveau, lui aussi, a besoin de repos. Et quand il est saturé par les pleurs, les listes, les rendez-vous médicaux et les montagnes de linge, le désir passe au second plan (voire à l’arrière-plan). Pas besoin de forcer. Il reviendra par petites touches : un parfum, une caresse, une sensation oubliée.
Rappel : une libido ne se mesure pas à la fréquence des rapports. Elle se vit. Elle se réveille parfois doucement, comme une marmotte au printemps. Il suffit de lui créer un espace chaleureux pour qu’elle ose pointer le bout de son nez.
Le couple, ce partenaire de galère
Parler, rire, se rater, se retrouver : le couple aussi est en pleine transition. L’intimité post-partum, ce n’est pas juste du sexe, c’est de la tendresse à inventer à nouveau. Vous n’êtes plus « juste » amants, vous êtes aussi parents.
Et cette double identité, parfois, elle secoue. On s’aime, mais on est crevés. On veut se retrouver, mais on s’endort au milieu d’un câlin. On veut du lien, mais on se jette des reproches à la figure faute de mieux.
Et pourtant… c’est dans ces galères que naissent les complicités les plus solides. Dans les nuits blanches partagées, les fous rires au-dessus d’une couche débordante, les cafés avalés en silence au petit matin. Le couple post-partum, c’est un laboratoire d’amour en mutation. Il faut de la patience, de l’humour, des mots doux et du lâcher-prise.
En conclusion :
Le post-partum, c’est une traversée. Parfois floue, parfois drôle, souvent fatigante. Mais c’est aussi un moment précieux pour apprendre à s’aimer autrement : avec ses vergetures, ses doutes, ses culottes gainantes (et gênantes) … et son humour. Parce que, franchement, si on ne peut pas en rire, on pleure. Et parfois… on fait les deux à la fois. Merci les hormones.
C’est une période de transformation profonde, où les repères sont flous, le corps étrange, et les émotions en freestyle complet. Et pourtant, dans ce chaos apparent, naît une force insoupçonnée : celle de se redécouvrir, d’oser dire non, de s’écouter enfin. Le post-partum n’est pas une parenthèse à ignorer, c’est un chapitre entier, avec ses creux et ses sommets. Il mérite d’être raconté, entendu, célébré même, pour tout ce qu’il nous apprend sur nous. Et surtout : il mérite qu’on s’y entoure de douceur, de solidarité, et de beaucoup, beaucoup d’amour.


Avant d’être ici pour vous, j’ai été vous :
La naissance de ma grande m’a laissé une belle déchirure. Cicatrice physique et psychologique à vie d’un corps ayant donné la vie. Il faut ré appréhender ce corps et ses humeurs, ce n’est pas tous les jours simple… quand on craint déjà de retourner sur le trône (un laxatif siouplé), on imagine bien l’angoisse de devoir retrouver une intimité (du lubrifiant siouplé).
Renouer ce lien physique a été plus que compliqué entre douleurs et fuites. J’ai très longtemps associé cette zone privée de mon anatomie à un traumatisme donc il n’était pas question de s’en approcher, chasse gardée. Mon mari a été plus que patient et compréhensif même si cela a rajouté à une culpabilité que je portais déjà de n’avoir pas réussi à donner la vie de façon « propre ».
Oui, je mets des guillemets à « propre », parce que ce mot-là, il vient de l’imaginaire collectif — comme si accoucher par voie basse, sans déchirure, sans instruments, sans cris, sans peur… était la norme. #konselediz : ce n’est pas le cas. Mon état a imposé un isolement forcé à ma moitié, une pause imprévue dans notre intimité. Et ça, je l’ai vécu comme un échec. Pourtant, personne ne m’avait dit à quel point on pouvait se sentir vulnérable, dépossédée, presque étrangère à son propre corps après une naissance.
Je me souviens d’avoir évité les miroirs pendant un moment. De ne pas vouloir voir ce corps marqué (même habillée et tout en sachant que c’est de toutes façons invisible à l’œil nu), lent à guérir. Et pourtant, c’était bien le mien. Un corps courageux, vaillant, abîmé mais vivant.
Petit à petit, très lentement, j’ai commencé à le regarder autrement. Non pas comme un champ de ruines, mais comme un territoire à réapprivoiser. Il a fallu du temps. De la patience. Beaucoup d’humour aussi ; j’ai décuplé à cette occasion mon côté autodérision. Et l’amour, le vrai, celui qui ne met pas de condition à la tendresse.
Aujourd’hui encore, cette zone reste et restera sensible, lésée, blessée. Parfois plus que je ne le voudrais. Mais elle fait partie de mon histoire. De notre histoire. Et je ne suis plus seule face à ça : on en parle, on rit (parfois jaune), on s’adapte.
Parce qu’après une naissance, on ne « récupère » pas comme si de rien n’était. On se reconstruit. Différemment. Lentement. Mais sûrement❤️
À très vite pour d’autres éclats de vie (et de rire) ! #Sex0Authentique