Ou comment passer de « prends moi sauvagement » à « prends bébé en calant délicatement sa petite tête » …
Devenir parent, c’est un peu comme se lancer dans un marathon sans entraînement… mais en portant un bébé, un sac à langer, et un sentiment de culpabilité en bandoulière. Et si c’est une aventure incroyable (si, si !), elle peut aussi chambouler sérieusement l’intimité du couple.
Non, ce n’est pas un mythe. Oui, c’est normal. Et non, ce n’est pas une fatalité #Sex0Authentique

Avant : les câlins à toute heure
Après : les câlins ? Quelle heure ? On se donne rendez-vous ?
Souvenez-vous. Avant bébé, il y avait des soirées sous la couette, des matins câlins, des pauses déjeuner coquines… Aujourd’hui, le seul « petit coup rapide » que vous connaissez, c’est changer une couche en moins de 20 secondes chrono. L’énergie est ailleurs, la fatigue est partout, et l’envie… se planque sous la pile de linge propre à plier.
Et parfois, la simple idée de se rapprocher semble aussi lointaine qu’un voyage aux Maldives (sans enfants). L’envie ne disparaît pas nécessairement, mais elle est étouffée sous un amas de priorités nouvelles : est-ce qu’il a mangé ? Est-ce qu’il dort ? Est-ce qu’il respire ? (#konselediz : oui, mais vous, pas toujours…)
Mais pourquoi ça devient si compliqué ?

À cela s’ajoute parfois la peur du regard de l’autre, ou pire : la peur de ne pas être à la hauteur dans ce nouveau rôle de parent ET de partenaire. On doute, on s’auto-juge, on se compare, on culpabilise. Autant dire que l’érotisme s’évapore plus vite qu’un biberon à température ambiante.
La logistique tue-l’amour (ou le syndrome du planning partagé)
Avant, il y avait la spontanéité. Le hasard, les surprises, les envies qui surgissaient entre deux rendez-vous. Aujourd’hui, il y a… Google Agenda. Ou un semainier magnétique sur le frigo. Ou cette appli de co-parentalité qui t’envoie une alerte pour te rappeler que c’est ton tour de gérer le bain.
Le quotidien parental peut devenir une véritable entreprise. Objectif : ne rien oublier. Résultat ? Tout devient prévisible, organisé, calculé. Même les moments à deux. On se dit « vendredi soir on se fait une soirée couple », mais vendredi arrive, et avec lui, la fatigue, les petits yeux qui piquent, les pyjamas pilou, et cette envie intense… de dormir. Rien de sexy là-dedans.
Le désir a besoin de mystère, de rebondissements, d’un petit frisson d’incertitude. Or, avec la parentalité, l’imprévu devient l’ennemi. On veut tout contrôler : les repas, les dodos, les humeurs… Et l’amour dans tout ça ? Il peut sembler relégué au second plan, voire au douzième.
La clé ? Accepter que la logistique soit là, mais ne pas la laisser tout envahir. Glisser un cadeau inattendu dans la routine. Laisser une note douce dans le sac à langer. S’embrasser dans l’entrée, même s’il y a des chaussures partout. C’est dans ces petits interstices que se glisse la magie.
Le grand chamboulement hormonal
On parle souvent du baby-blues, des montées de lait, des hormones en folie… mais rarement de l’impact direct que cela peut avoir sur la libido. #konselediz : c’est un peu le grand huit. Avec parfois plus de descentes que de montées.
Chez la personne qui accouche, les fluctuations hormonales peuvent être vertigineuses. L’ocytocine (l’hormone de l’attachement) est au taquet pour créer le lien avec bébé, la prolactine s’occupe de la lactation… et la testostérone, souvent associée au désir, est quant à elle en mode pause prolongée. Résultat : on peut aimer son bébé plus fort que tout… et n’avoir absolument aucune envie de rapprochement physique. Pas même un petit bisou qui s’attarde.
Chez l’autre parent, il y a aussi des changements ! Moins visibles, moins souvent évoqués, mais bien présents : la chute de testostérone a été observée chez certains pères, comme une adaptation biologique à leur nouveau rôle. L’instinct protecteur, la vigilance, l’empathie prennent parfois le pas sur l’envie de galipettes.
Et puis, entre la peur de faire mal, le respect du corps qui a accouché, le manque de repères dans cette nouvelle intimité post-natale… on peut vite se retrouver à faire du sur-place.
Mais rappelons-le : ces fluctuations sont normales. Elles ne sont pas gravées dans le marbre. Ce n’est pas « foutu ». C’est une phase. Un moment à traverser. Et parfois, à accueillir comme tel, sans pression de performance.
Et si on osait en parler ?
Beaucoup de couples n’osent pas mettre de mots sur ce décalage. Résultat : on s’éloigne, on culpabilise, on se dit « ça reviendra tout seul » … Et parfois, ça ne revient pas ou difficilement.
Pourquoi ce silence ? Peut-être parce qu’on pense que « c’est comme ça », qu’il faut juste attendre. Peut-être parce qu’on a honte de ressentir un manque, dans une période censée être remplie d’amour. Peut-être parce qu’on a peur que l’autre ne comprenne pas, ou qu’il/elle souffre aussi, mais en silence.
Et pourtant…
La bonne nouvelle ? Ça se travaille. Doucement, mais sûrement.
Parler de ce qu’on vit, de ce qu’on ressent, de ce qu’on n’ose plus, c’est déjà un premier pas vers une reconnexion.
Et parfois, ces discussions sont libératrices. Elles nous permettent de dire : « je suis épuisé(e) », « j’aimerais qu’on se retrouve », « je ne me reconnais plus ». Elles recréent du lien. Elles réhumanisent le couple derrière les rôles de « maman » ou « papa ».
Quelques pistes pour rallumer la flamme

Le rôle du toucher au-delà de la sexualité
Quand on pense intimité, on pense souvent « sexe ». Or, l’intimité est bien plus vaste, plus subtile, plus sensorielle. Et parfois, la clé pour se reconnecter en tant que couple ne passe pas par la chambre, mais par… une main dans la main. Un massage improvisé. Une caresse sur l’épaule. Un câlin sans arrière-pensée.
Le toucher, c’est un langage à part entière. Il dit « je suis là », « je te vois », « je t’aime », « je t’accueille tel(le) que tu es ». Dans les moments de turbulences émotionnelles post-bébé, ce langage-là est parfois plus puissant que mille mots.
D’autant plus que le toucher est souvent monopolisé par bébé : on porte, on berce, on masse, on caresse. Le corps du parent devient un espace utilitaire. Et paradoxalement, dans ce grand bain d’amour maternel/paternel, on peut ressentir un vide de contact… d’adulte à adulte.
Réintroduire le toucher de couple, dans toute sa douceur, sans attente, peut être une première étape vers une reconnexion plus profonde. Une main sur le genou pendant le dîner. Une étreinte en silence. Un regard qui dit « je ne t’ai pas oublié(e) ». Rien que ça, c’est déjà précieux.
Quand l’intimité prend d’autres formes
Et si, justement, on changeait de lunettes ? Si on arrêtait de définir l’intimité uniquement par le prisme du sexe ou du contact physique ? Parce que parfois, ce n’est pas par le corps qu’on se rapproche, mais par l’âme, par les rires, par le fait de se comprendre d’un regard au milieu du chaos.
L’intimité, c’est aussi :

Cette intimité-là est plus discrète. Moins spectaculaire. Mais elle est souvent plus solide. Elle crée une complicité qui ne dépend pas du maquillage, de la lingerie, de la performance. Elle dit : je te vois, je suis avec toi, on est dans la même galère, et pourtant on rit encore.
Et parfois, c’est cette forme d’intimité qui redonne envie d’en créer d’autres. Qui réveille doucement le désir. Qui prépare le terrain pour une sexualité nouvelle, plus lente, plus consciente, plus connectée.
Redéfinir le désir : entre fantasme et réalité
Avant bébé, le désir pouvait jaillir à la moindre occasion : une soirée un peu arrosée, une chemise entrouverte, une discussion à double sens… Il y avait du mystère, de la légèreté, du spontané.
Et puis, après l’arrivée d’un enfant, le désir devient souvent… plus cérébral. Moins immédiat. Moins « animal ». Et ça peut désarçonner. Certains se disent « je ne ressens plus rien, c’est grave », d’autres se demandent « est-ce que je suis encore désirable ? » ou « est-ce que je désire encore mon/ma partenaire ? ».
Mais la vérité, c’est que le désir n’est pas linéaire. Il évolue, se transforme, se nourrit différemment selon les périodes de vie. Et surtout, il s’apprivoise.
Redéfinir le désir, c’est sortir de l’image hollywoodienne du sexe torride entre deux personnes sans cernes ni craintes de réveiller un bébé. C’est accepter que le fantasme ne colle pas toujours à la réalité… et que ce n’est pas grave.
Parfois, le désir renaît dans un éclat de rire. Dans la complicité retrouvée. Dans une discussion profonde à minuit. Dans une douche à deux, vite fait mais tendrement volée.
Il ne s’agit pas de retrouver le désir d’avant. Il s’agit d’inventer celui d’après.
Et la sexothérapie dans tout ça ?
La sexothérapie peut être un vrai soutien dans cette phase de vie. Elle offre un espace pour :

Un sexothérapeute peut aider à rétablir un équilibre entre les besoins individuels, parentaux et conjugaux. Et non, il ne s’agit pas de « faire des exercices bizarres » ou de « parler de sexe pendant une heure ». Parfois, il s’agit simplement d’explorer ce qui fait lien, ce qui manque, ce qui fait peur… et ce qu’on aimerait retrouver.
Parfois, il suffit d’oser ouvrir la porte pour retrouver le chemin de l’autre.
En conclusion :
Avoir des enfants chamboule tout. Le rythme, le corps, les émotions, le couple… et la sexualité. Mais ce n’est pas une fin, c’est un nouveau chapitre. Moins brûlant peut-être, mais plus profond. Et avec un peu d’humour, d’amour et de courage, l’intimité peut non seulement revenir… mais grandir.
Et si on arrêtait de chercher à tout retrouver comme avant, pour mieux inventer un après qui nous ressemble ?


Avant d’être ici pour vous, j’ai été vous :
Mon aînée est l’un des bébés européens sur 10 conçu sur du Suédois (le lit rond Sultan de 2 mètres sur 2 mètres tu vois) et rien n’aurait pu nous préparer son père et moi au tsunami qu’est l’arrivée d’un enfant. De constater qu’un petit bout de 48cm puisse finalement prendre tant de place dans la maison, dans l’organisation, dans le budget (oui, oui il faut oser le dire aussi), dans la charge mentale et surtout dans nos vies. Et pourtant, ce que je peux dire avec le recul, c’est que cette aventure, aussi intense qu’elle soit, peut aussi renforcer les liens. Si on ose la vivre à deux. Vraiment.
Parce que ce n’est pas automatique. Ça ne se fait pas tout seul, en arrière-plan. Non, ça demande du courage, des ajustements, beaucoup de communication (et un peu de chocolat, parfois). L’arrivée d’un enfant, ça bouleverse tout : nos repères, nos nuits, nos priorités, et surtout notre façon d’être ensemble.
Avant, on se trouvait incroyablement complices quand on cuisinait à deux en écoutant de la musique. Après, on se félicite quand on arrive à manger chaud, en même temps, et sans que personne ne pleure (nous y compris). Avant, on faisait des plans sur la comète pour nos week-ends à deux, nos vacances de rêve. Aujourd’hui, on se réjouit d’avoir dix minutes ensemble sur le canapé sans être interrompus par une couche, un biberon ou une tétine à chercher désespérément sous le canapé.
Mais au milieu du chaos, on découvre aussi une autre forme d’amour. Moins spectaculaire. Moins passionnée peut-être. Mais plus ancrée. Plus vraie. Quand je regarde le père de mes enfants fatigué, décoiffé, avec ce regard doux et cerné, je me dis que je n’ai jamais été aussi émue. Et aussi reconnaissante.
Bien sûr, il y a eu des tensions. Des silences. Des maladresses. Il y a eu des moments où on ne se comprend plus, où on a l’impression de ne plus parler la même langue. Et il y a eu aussi ce choix, répété mille fois : celui de ne pas lâcher. Celui de se retrouver, même un peu de travers, même à moitié endormis. Celui de continuer à se dire « nous », même quand tout autour criait « bébé d’abord ».
Aujourd’hui, avec un peu de recul, je peux dire que la parentalité ne détruit pas l’amour. Elle le redéfinit. Elle le pousse dans ses retranchements, elle le défie, mais elle peut aussi l’approfondir.
À condition de ne pas s’oublier. De continuer à se voir. À s’écouter. À se toucher, même si c’est d’abord du bout des doigts, du bout du cœur ❤️
À très vite pour d’autres éclats de vie (et de rire) !#Sex0Authentique